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12 juillet 2008

L'Amérique et le monde : Après Bush

drapeau_americainUn pays qui change vite

Pendant les années de la présidence de George Walker Bush, la population américaine a passé le cap des trois cent millions. Soixante dix millions de personnes sur ces trois cent millions ont changé de domicile, soit pour partir vers un nouveau quartier de sprawling à quelques dizaines de miles, soit pour partir beaucoup plus loin vers le Sud et l’Ouest, soit encore, mouvement plus récent, pour retourner vers les centres urbains, et tout cela représente près d’un Américain sur quatre.
Plus de quinze millions de personnes sont venues s’installer, légalement ou illégalement aux Etats-Unis. Parmi elles, il y aura de nouveaux électeurs, les Américains récemment naturalisés, et ceux-ci seront plusieurs millions. La composition démographique, ethnique, culturelle, professionnelle de l’électorat américain a très profondément changé depuis 2000. Elle a changé, même, depuis 2004.

Quarante millions de jeunes de moins de trente ans sont en âge de voter et, pour nombre d’entre eux, ils le feront en novembre 2008, pour la première fois de leur vie.

Aucun autre pays occidental ne change plus vite que les Etats-Unis. En voyageant souvent, du côté d’Orlando, de Mesa dans la périphérie de Phoenix, ou dans celle d’Henderson dans le Nevada, je ne peux que constater qu’en moins d’un an, un nouveau quartier de plusieurs centaines ou plusieurs milliers d’habitants peut sortir de terre avec ses habitants, ses commerces, ses écoles. Un survol en avion à basse altitude montre les routes qui se tracent et, quelques semaines plus tard seulement, les maisons qui s’édifient. Un quartier peut disparaître aussi, et la crise récente des subprime a laissé des lotissements vacants que viennent occuper des squatters.

Dans un pays qui change vite, il est important de disposer de certitudes qui permettent d’aller de l’avant. « Les Américains », dit Michael Barone, « ont besoin, absolument, d’êtres certains que demain sera meilleur qu’aujourd’hui, d’où l’impératif de plein emploi ». Sous la présidence Bush, le plein emploi a été, globalement maintenu. Le chômage dans les zones ouvrières ou rurales s’est trouvé, dans l’ensemble, compensé par des départs vers des zones de pénurie de salariés, par la reconversion professionnelle.  Cela n’a pas suffit, c’est une évidence.

« Les Américains ont besoin de penser que leur niveau de vie, demain, sera plus élevé qu’aujourd’hui ». Et, là quand bien même la croissance, quelles que soient les circonstances, s’est  poursuivie, une érosion s’est produite, du prix de l’essence à la station-service à celui des logements...   


Independents


Pendant les années de la présidence de George Walker Bush, la confiance s’est érodée, et ce n’est pas un hasard, par exemple, si le nombre de ceux considérés, politiquement, comme independents, ni proches des Républicains ni proches des Démocrates a aussi fortement augmenté au cours des récents mois, au point que ce sont très vraisemblablement les suffrages des independents qui décideront du résultat final des prochaines élections.

D’autres facteurs ont contribué au malaise ambiant, bien sûr. La haine de la gauche américaine pour Bush s’est accompagnée d’une vague de détestation antiaméricaine très forte à l’étranger : venant si peu de temps après le 11 septembre 2001, cette vague a créé une forme d’anxiété indéfinissable. La tentation de dire que c’était là le résultat de l’ère Bush est devenue toujours plus forte, et avec elle l’idée qu’après Bush, il pourrait en être autrement n’a cessé de grandir…

« On ne peut pas être la première puissance au monde sans susciter animosités et jalousies », ont expliqué des historiens de l’antiaméricanisme tels Paul Hollander, qui a ajouté que la détestation de l’Amérique est la détestation de ce que l’Amérique symbolise, et qu’en ces conditions, il ne suffirait pas de remplacer Bush. Mais Hollander a été assez peu écouté. D’autres ont noté le mélange de fascination et de détestation, d’admiration et de mépris qui caractérise les propos de tant de ceux qui parlent des Etats-Unis, mais le temps n’est pas aux analyses détaillées...

Ce qui est flagrant est que nombre d’Américains sont lassés de l’animosité qu’on porte, de tant de côtés, à leur pays. Ce qui est flagrant est que nombre d’Américains aimeraient en tournant la page des années Bush tourner la page de l’hostilité envers l’Amérique.

Après Bush


En janvier 2009, les Etats-Unis entreront dans l’après Bush, mais il est très loin d’être certain que la page sera tournée. Il y aura un nouveau président. Mais tout laisse penser que les causes de la détestation de l’Amérique seront toujours présentes sur la planète. 

Déficit commercial et déficit budgétaire américains seront toujours là.  La faiblesse du dollar n’aura pas trouvé remède : tant de facteurs y contribuent où la création de l’euro et la politique de la Banque Centrale Européenne, l’évolution de la Chine et la sous-évaluation du yuan, mais aussi les tensions au Proche-Orient jouent un rôle.

Réformer le système d’assurance maladie et la Social Security s’avèrera inéluctablement plus difficile, bien plus difficile que prévu. Les réponses apportées par les Démocrates, pour l’heure, semblent très insuffisantes, et on peut craindre le jugement de David Brooks sur Obama ne se révèle exact : new words, old recipes. Les réponses de McCain resteraient à confronter à l’épreuve des faits.

L’important, ce sera le dynamisme, et celui-ci n’est pas brisé. L’important, ce sera de renouer le fil estompé, mais pas du tout brisé, lui non plus, de l’idéalisme.

Guy Millière
http://www.turgot.org/sites/turgot/article/article.php/article/amerique_monde

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